ENCORE UN SONGE

D’après WILLIAM SHAKESPEARE 
Adaptation, écriture, mise en scène Charles-Eric Petit 
Compagnie L’Individu 

Création avril 2013


C’est avec la curiosité du collégien qui dissèque une grenouille sur sa paillasse de sciences naturelles que je me suis amusé à démonter cette vétuste et éternelle comédie. Le Songe d’une nuit d'été de William Shakespeare ressemble à ces vieilles serrures qui sidèrent par l’intelligence de leur facture, et que l’on ne trouve plus aujourd’hui qu’exposées dans les musées. « Il est interdit de toucher aux oeuvres ! » peut-on lire sur les pancartes des prisons de la pensée... et la furieuse envie me prend de vouloir ouvrir toutes les portes et les fenêtres – les libérer.
Que le génie puisse, en toute liberté, courir ou s’envoler.

Construire, déconstruire puis recomposer.
Pour ce nouveau Songe, il m’aura fallu définir les différents niveaux narratifs – figures / artisans, amours mystiques / amours terriens – et veiller à structurer le langage rêve / réalité.  
Voilà comment, moi et mes camarades, nous nous sommes attelés ensemble à cette nouvelle œuvre. En m’appuyant sur le récit dramaturgique de cette merveilleuse horlogerie élisabéthaine, sont finalement apparus cinq objets différents qui dialoguent entre eux, et qui résonnent tous avec les trois niveaux que propose initialement le dramaturge anglais.

Notre Songe est une réécriture fidèle à la dramaturgie de la pièce originale. Outre la langue, la différence notoire de l’adaptation réside dans la transposition du monde féerique dans celui du théâtre.  Obéron  et  Titania  deviennent  ainsi  les  créateurs  /  directeurs  du  lieu,  les  fées  des techniciens, les artisans les comédiens de la compagnie l’Individu. Télécharger le dossier en pdf

Le Quadrille amoché est une variation, inspirée de la trame du quadrille amoureux et fusionnée avec les personnages des artisans du Songe. Hélène, Franck, Auguste et Guillaume sont quatre amis trentenaires. Livrés à leurs débordements, ils décident de partir quelques jours à la montagne afin de tenter quelque expérience pour réguler leurs émois. On retrouve dans cette trame une variante de celle proposée par Shakespeare dans Le Songe, ainsi que la mise en abyme du théâtre et le thème de la métamorphose à travers ce synopsis de comédie de mœurs. Une écriture rythmée, par moments proche du vaudeville, principalement portée par les acteurs / personnages. Télécharger le dossier en pdf

Dyade est une variation autour des deux figures isolées de Titania et d’Obéron. C’est un poème autour du couple, de la violence tragique des ruptures… de la nécessité que nous avons à nous fabuler, de manière générale : à faire cohabiter nos aspirations avec nos vies réelles…  C’est une spirale onirique. Un rêve inachevé. Télécharger le dossier en pdf

Perçu, enfin, est un objet théâtral performatif, variation autour du personnage de Puck. Les thématiques qui s’en dégagent sont : l’Amour, l’inconnu du démon, et la violence de la guerre. Phersu est un personnage énigmatique d’origine étrusque. C’est un acteur appelé à jouer des rôles différents. Il est aussi un démon funéraire psychopompe qui montre la voie de l'outre-tombe dionysiaque et de ses jouissances. Comme semble être à l’origine le pùca (l’ancêtre du personnage de Puck), il pourrait lui aussi être considéré comme un fantôme. À l’instar de Puck, le Phersu est un être bon et mauvais. Ancêtre probable de l’acteur romain, il n’est pas doué de parole. Le mot Phersu est à l’origine du terme latin persona, qui désigne d’abord le masque de l’acteur romain puis, par extension, le rôle de théâtre ou personnage (et enfin « la personne »). Télécharger le dossier en pdf


J’espérais qu’en se fermant, mes yeux eussent pu enfermer mes pensées avant que les images aillent rejoindre la fosse commune des souvenirs… Le matin, lorsqu’on s’ébroue de ses songes, c’est un peu de manne sacrée qui part avec les restes du rêve. C’est pourquoi il m’est nécessaire de consigner ces nébuleuses pensées par écrit, comme on consigne les morts dans les cimetières – c’est pourquoi les acteurs endossent les noms des héros, et en deviennent, en les jouant, les vivants gardiens contre l'oubli. 


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